Australie – 20 mars 2020 – 1er avril 2020
Pays des kangourous. De bonds en rebondissements !!
Avant de prendre la route du nord, on fait des dernières courses, lessives et modifs techniques. Xavier, grâce à un adorable australien-mauricien, bénéficie d’une perceuse (il peste de ne pas avoir ses outils !), perce des trous et rallonge l’échelle trop courte. Encore une belle rencontre et une belle entraide!!
Pour notre première nuit en ‘roof tent’, on choisit un lieu sûr et équipé. On dort dans le camping du Parc Nationnal de Yanchep. J’ai lu que les kangourous viennent brouter dans le camping et qu’il y a des koalas ! Le rêve de Mathilde! Quand on lui a annoncé qu’on partait en voyage pendant plusieurs mois, c’est la seule chose qu’elle nous a dit « je voudrais voir des kangourous et des koalas! ».
Ces marsupiaux sont adorables. En troupeau, ils mâchent et bondissent! Drôle d’animal! Mathilde trouve qu’ils ont des grosses cuisses de poulets, moi un museau de biche. On peut même en effleurer un du bout du doigt, c’est doux!!!
On découvre les koalas le lendemain matin. Le koala est nocturne, la journée il dort accroché tout en haut d’un arbre. Tôt le matin, il est encore un peu actif. Il se gratte et se cale sur sa branche. Il faut un bon œil pour le voir!
Notre première nuit en tente est épique. On essaye de dormir à trois, Xavier et moi jambes repliées, Matilde en travers. Mais à 4h du mat’ abandon! On est trop mal ! On se retrouve tous bien serrés dans le même sens, on allonge nos jambes engourdies et on se dit qu’il faut trouver une solution !!!
Après avoir donc vu les koalas et pris notre petit dej, on aménage Ron pour faire un lit à Mathilde à l’intérieur.
Direction la côte! Je trouve un free-camp grâce à l’application WikiCamps en bord de plage. Pour y accéder 4km de off-road, piste de sable. Il faut dégonfler les pneus à 18. Je ne brille pas, Mathilde est enchantée, Xavier pilote!
Le spot est magnifique, la côte est sauvage, l’océan rugit, le sable chauffe, le vent fouette, les mouches assaillent, le coucher de soleil fascine… Merci Australie !
La nuit n’est pas très reposante car très bruyante entre les vagues fougueuses et le vent claquant. Les mouches sont tellement ch…. qu’on part sans prendre le petit dej! Après avoir regonflé nos pneus grâce au compresseur intégré et réparé par Xavier, on file au village le plus proche, avec une mission : faire le plein. Ron avec ses 6 cylindres est un boit-sans-soif ! Heureusement que l’essence est deux fois moins chère !
On s’arrête à Cervantes, on pic-nic, on se baigne, on profite de la plage et des installations publiques sanitaires (douches, wc) comme il y en a beaucoup en Australie.
Le soir, bivouac un peu plus dans les terres, en forêt, sous un ciel incroyable !
D’autres backpackers sont là. Allemands, français, australiens, on échange, surtout sur la situation actuelle.
Lancelin est notre étape sur la côte. Objectif : trouver des moustiquaires de tête !! On achète un jerricane d’eau et un tuyau pour se faire une douchette, Xavier répare le garde-boue cassé et le auvent (encore des gens adorables qui nous prêtent des outils!), on s’offre une « pièce-moustiquaire » de 4m2 (vraiment les mouches c’est à rendre fous!), on fait l’école, on mange un fish and chips et on reprend la route du nord. Magnifique bivouac en bord de mer où on rencontre un couple d’australiens, Rhoda et Lenny, en route avec leur 4’4 et leur remorque-tente depuis 5 ans autour de l’Australie! Ils nous donnent de bons tuyaux !
Mardi 24 mars. On arrive à Geraldton (ma ville !!! Lol!). On s’arrête dans un garage spécialisé dans l’électronique. On refait faire le faisceau électrique du compresseur et des batteries.
Puis on trouve un bivouac au nord de la ville, on profite de l’océan. Pour la première fois, on se fait violemment vilipender par un pêcheur dont le père nous invite à regarder les poissons pêchés dans son seau. On a la marque covid sur le front… Go away! Go away !
Au bivouac, on échange pas mal avec un jeune couple de français qui redescend du nord vers Perth. Le confinement est imminent, ils vont s’installer chez une dame. Les frontières des régions dans l’état du Western Australia se ferment. Comme si de Rhône-Alpes on ne pouvait plus passer en PACA. La pression monte. Il faut qu’on trouve un lieu de repli où s’installer quelques semaines (combien…?). Je cherche sur les réseaux sociaux, je m’inscris à workaway, j’envoie des dizaines de messages personnalisés. Les gens répondent qu’ils n’ont plus de place ou qu’avec le virus ce n’est pas possible…
La nuit est mauvaise, le stress monte. Que faire ?
Au petit matin, s’arrête non loin de nous un 4×4 rouge. Un homme balèse en sort, ouvre le coffre et répond à mon salut par un sourire et un cri : lobster! Lobster! Comme je ne comprends pas, je m’approche (un peu!) et il jette à mes pieds un énorme homard en me disant : « bon appétit ! ». On n’en revient pas!
Dans la la matinée, on va à la mairie, qui nous indique un lieu et nous conseille de passer à la cure. On rencontre alors Carol, qui nous écoute et prend nos coordonnées. Une heure après, elle nous rappelle et nous dit qu’elle a une solution. John et Cathy ont un terrain au coeur de Geraldton, devant la Marina. C’est un terrain abandonné, une vieille maison squattée mais il y a l’électricité. Pour l’eau, on la prendra chez les voisins, une maison d’accueil qui organise des activités pour personnes malades. Douches au tuyau !
On s’émerveille de la générosité de ces gens qu’on ne connaît pas, on s’organise, on nettoie, on se baigne aussi à la plage toute proche, bref, on prépare notre confinement. On est rassurés, on a de quoi camper et être bien quelques temps.
Avant…
Après…
Vendredi 27 mars. Le cœur enfin léger, on décide de monter à Kalbarry. Les routes plus au nord pour Corail Bay et Exmouth sont déjà fermées. On a quatre jours avant les fermetures de frontières.
La route est superbe. Étendues de landes rocailleuses, terre rouge et arbustes bas. Personne, parfois un kangourou, une mouette. On passe par le lac rose, on se baigne à Port Gregory, on s’arrête aux différents points de vues des falaises. On est contents de profiter enfin.
Kalbarry. Pas de bivouac sauvage possible. On s’arrête dans un camping qui nous claque la porte au nez. Au village, on s’installe dans l’auberge des backpackers qui est sur le point de fermer. Le village est sympa. Je surveille les nouvelles sur les réseaux. Elles sont mauvaises : les frontières vont fermer pour 3 à 6 mois, les services de l’ambassade de France exhortent les Français qui ont des visas courts à rentrer en France et surtout à se rapatrier sur Perth. Un couple d’australiens en train de faire un barbecue sur la plage nous annoncent le confinement à partir de lundi… Le doute et l’angoisse sont à nouveau là… Je poste sur les réseaux un appel à l’aide « qui peut nous offrir un bout de jardin avec accès à l’eau et l’électricité près de Perth? ». Des groupes et des réseaux d’entraide incroyables se sont mis en place en Australie dont un groupe «adopt a backpacker». La réponse met 20 min à arriver : « nous! » disent Mariette et Christophe. Sur ces entrefaites, une certaine Christine me demande de la rappeler en urgence. Elle travaille en étroite collaboration avec l’ambassade et me dit que nous sommes prioritaires pour rentrer en France car en famille. Un vol de rapatriement va être organisé sous peu. On discute beaucoup avec elle, on pèse le pour et le contre. Et on décide de décliner l’offre mais de se rapprocher tout de même de Perth pour être proches d’un aéroport. La situation sanitaire de l’Australie est meilleure que la française. On est autonomes, on va être accueillis avec Ron et on a de quoi subvenir à nos besoins jusqu’en juin sans problème.
Le samedi, après avoir vu des pélicans, on décide de visiter le parc national. C’est magnifique! J’essaye de décrocher de mon téléphone mais j’ai quand même toujours un œil dessus : les nouvelles vont vite. On décide de dormir à Géraldton pour rentrer tranquille sur Perth.
Dimanche. On redescend cette belle route côtière. L’après-midi, c’est grand moment baignade. On est les seuls sur la plage ! Mathilde a cependant une visite inattendue et joyeuse !
Le soir, c’est alors qu’on vient de déplier notre tente dans un endroit magnifique que les nouvelles directives de l’État sont annoncées à 21h : confinement mesuré. Sorties juste pour aller au travail, se nourrir et les soins. On décide de prendre la route, rejoindre Perth le plus vite possible. Nous, tortues, qui faisons maximun 100km par jour, on se tape de nuit 500km. On espère ne pas écraser un kangourou, nombreux sur le bord des routes.
On arrive à minuit chez Mariette et Christophe qui, adorables, nous attendent. Ils nous offrent une grande chambre avec un lit bien moelleux.
Lundi 30 mars. On émerge. On prend connaissance du lieu qui va être le nôtre pour les semaines à venir (on se dit 6 comme en France). On fait l’école, je nettoie la terrasse de nos hôtes. Mathilde fait des créations nature-art.
L’après-midi, après beaucoup d’hésitations on décide de tenter notre chance et d’aller rendre au magasin de camping les affaires achetées qui ne nous serons pas utiles (frigo, canne à pêche, outils…). On a 14 jours pour rapporter et se faire rembourser en Australie. Et là, surprise : tout le monde est dehors, aucun magasin fermé, juste les distances de sécurité…. On rend toutes nos affaires, on est bien contents! On passe aussi à la pharmacie : je voudrais du paracétamol j’ai mal aux dents, on cherche aussi des masques et du gel pour les mains. Au guichet, bien que déjà reculée, la pharmacienne en m’entendant en parler recule de deux pas… Ça m’agace… Et puis plus de masque, plus de paracetamol…
Le soir, on pique-nique sur la table basse de la chambre après avoir vu un peu Mariette qui rentre tard (20h) du travail. Petit film avec Mathilde.
Drôle d’ambiance générale quand même… On se sent un peu tristes.
Mardi 31 mars. 7h30. Mail de l’ambassade de France : on a une place pour le rapatriement du vol à 17h… Je réveille Xavier. « On rentre? ». On hésite, on doute, on angoisse, que faire de Ron?
Après de très belles conversations avec nos hôtes, Mariette et Christophe, on se décide : on dit oui pour ce vol. Il n’y en aura qu’un! Trop d’incertitudes… Et l’ascenseur émotionnel est depuis 15jours en mode high speed, cela devient difficile moralement … Ron va rester à Perth. Il est pour l’instant invendable et est bien en sécurité chez nos hôtes.
Branle-bas de combat ! Nettoyage, rangement, sacs…
14h. Aéroport. Mariette et Christophe, plus qu’adorables, sont avec nous pour les au revoirs.
L’avion a déjà cinq heures de retard. C’est un A380 de 800 places. On est 250… Grand luxe pour nos prochaines 20h.
Paris Charles de Gaule. On a 1 h pour choper notre train pour Lyon. On a de la chance nos valises sortent en premier. Personne à l’aéroport, personne à la gare, personne dans le wagon…. On est bien peinards. Cela règle le problème des contacts!! Avec nos lingettes désinfectantes, on traque le coronavirus!!
Mercredi 1er avril. C’est pas une blague !! 17h, on est à Saint Rambert d’Albon. Huguette et Ritou, les parents de Xavier nous ont laissé une voiture emplie de bonnes choses (miam la moussaka et la tarte aux pralines, merci !). Pas de bisous.
On retrouvera Charlotte dans quelques jours.
Drôle de retour quand même…!
On retrouve notre Camion!!! On l’adore! La nuit est réparatrice et calme.
L’aventure continue aux biesses! Il fait beau, les oiseaux chantent, on mange de la salade du jardin et on boit un bon Saint-Joseph…. Pas si pire! Et Ron nous attend en Australie!
Charade de Mathilde
Mon premier est un gaz qui sort des fesses et qui pue.
Mon deuxième est un meuble qui est confortable et qui sert à dormir.
Mon troisième est un adverbe interrogatif synonyme de “combien de temp”.
Mon tout est très beau et drôle.
Infos pratiques
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- s’inscrire sur le fil d’ariane !!